Le soleil, sorti de sa saison, caresse nos corps lourds de lendemains, plombés d’amour et de souciance, doucement. L’hiver est tiède et bleu dans les montagnes au goût salé, bruissantes de volètements, où le vent murmure des prénoms, tantôt bruns, tantôt blonds. Et chaque arbre, dans l’élan marin de ses racines nous invite, qui abrite de ses branches nues la chair fragile et débordante. Dans l’hiver, en attente, tremblent nos face à face dans le miroir à trois d’un avenir à fleur de main.
Et le temps passe…
Et le temps passe, et revient le temps, tellement autre à présent, de l’Italie sous nos pas qui rassure. De ses courbes sous le soleil nourrissant l’horizon, de ses odeurs d’après l’été s’exhalant des pierres, des herbes, des buissons, nous rassure et nous entoure et nous entraine. Du passé hors souci à l’aujourd’hui, bricoler la vie de chaleur douce, de parfums sourds et de vents haletants, d’une enfance à l’autre. Un pied dans le rire des clochers, un pied dans les collines couleur olive et orangé, nous glissons, lentement, au cœur de l’automne accompli d’où germeront les trois saisons, les milliers d’ans, et toutes leurs nuits.
Sylvie Sallaberrenborde